Le résultat de l'analyse sur le faisceau avec pulses courts arriva le soir du 16 novembre, c'est Frédéric qui effectua l'analyse. Le résultat lui fut sans surprise : une avance de 60,2 nanosecondes. A un pouillème près, c'était exactement le même écart que précédemment. Il n'y avait donc pas de biais expérimental de ce côté-là. La méthode statistique utilisée initialement n'était pas en cause. Le mystère et l'excitation restaient entiers. Une deuxième version de l'article pouvait être mise en ligne en montrant un résultat renforcé par cette nouvelle mesure plus précise. Cette deuxième version fut écrite dans la foulée de l'analyse. Tout le début descriptif de l'expérience restait inchangé par rapport à la version précédente, il était simplement ajouté le résultat obtenu avec les pulses de quelques nanosecondes.

Le journal qui avait été choisi pour publier le papier était un journal de physique qui avait une très grande renommée, avec un facteur d'impact supérieur à cinq, c'était un journal très lu par la communauté des physiciens des hautes énergies. L'European Physical Journal C, comme la plupart des revues à comité de lecture, prenait d'habitude l'avis de deux referees, deux scientifiques du domaine qui devaient juger de la qualité du travail proposé pour publication.

Daniel envoya l'article à l'European Physical Journal. Mais, sous l'insistance de Wolfgang Brünner, le chef du groupe de Heidelberg qui avait rejoint SYMPHONIE récemment, Daniel accompagna le texte de l'article d'une demande non conventionnelle à la revue, il demanda que six personnes participent au comité de lecture au lieu de seulement deux, de manière à pouvoir couvrir tous les types de dispositifs qui étaient employés dans la manip. C'était une demande particulièrement hors norme, la plupart des scientifiques se contentaient volontiers de l'avis éclairé des deux pairs désignés pour l'amélioration de leur article.