Romans Scientifiques

Romans Scientifiques

De la science cachée dans de la littérature, ou l'inverse...

Eric Simon

Romans Scientifiques, comme son nom l'indique, est dédié à cette forme particulière de romans où la science n'est pas fiction, mais bien réelle. Romans Scientifiques est une émanation du blog/podcast Ça Se Passe Là-Haut

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Soixante Nanosecondes, Chapitre 12

Depuis qu'il avait enfin trouvé l'atome magique, celui qui devait produire une double radioactivité béta avec uniquement deux électrons d'énergie fixe, Ettore était joyeux par moments. Il essayait maintenant de savoir par quel moyen il serait possible de trouver des grosses quantités de ce métal qui s'appelait le germanium. C'était le noyau de germanium, celui qui possédait 32 protons, accompagnés de 44 neutrons, qui était l'élément de choix. Il l'avait calculé, c'était celui-là et pas un autre, celui qui montrait la plus grande probabilité de produire ce phénomène. Il y avait aussi d’autres éléments possibles, comme le calcium à 28 neutrons ou le molybdène à 58 neutrons, mais seul le germanium était un métal conducteur et serait à même de permettre une détection facile des électrons. (...)

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Soixante Nanosecondes, Chapitre 13

Le papier fut mis en ligne par Daniel dans la nuit du 22 au 23, il se terminait par une phrase pour le moins ambiguë : "Malgré la précision et la stabilité de ce résultat, sa portée importante motive la poursuite de notre étude pour chercher de possibles effets encore inconnus pouvant l'expliquer." Elle pouvait être interprétée de plusieurs manières, les "effets encore inconnus" pouvant être compris comme des effets instrumentaux ou bien des effets physiques. Erreur expérimentale ou anomalie des neutrinos.

Certains membres de la collaboration SYMPHONIE refusèrent de cosigner l'article, estimant qu'il s'agissait d'une démarche insuffisamment scientifique. Cristina ne le signa pas. Tous les autres membres du groupe d'Orsay cosignèrent. Le premier auteur était Daniel, suivi par Luigi, Frédéric, puis tous les autres coauteurs.

Le grand auditorium du CERN
avait commencé à se remplir dès huit heures du matin alors que le début de la
présentation était planifié à dix heures. Tout le monde ne parlait que de ça.
Alors que l'annonce du séminaire ne parlait que de résultats
"importants" de SYMPHONIE, les chercheurs avaient pour la plupart
consulté le site internet de preprints et connaissaient la teneur de ce
qui allait être présenté même si ils voulaient l'entendre de vive voix. (...)

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Soixante Nanosecondes, Chapitre 14

 Il avait pris sa décision. L'homme à la casquette finirait tôt ou tard par le retrouver, il le savait. Ettore ne supportait plus d'être menacé en permanence, et il n'avait pas supporté non plus de faire cette erreur grossière dans sa théorie des neutrinos. La conjecture absurde qu'il avait faite sur la cinématique des neutrinos le hantait. Comment avait-il pu se tromper de la sorte et ne pas se rendre compte de son erreur plus tôt ? L'introduction de vitesses supérieures à la constante universelle ne menait absolument nulle part. Il n'était plus bon à rien... Tout cela était futile. Des centaines de pages à mettre à la corbeille. Tout ça pour rien. A quoi bon continuer si c'était pour se faire menacer pour des futilités ? Le mieux était peut-être de s'échapper définitivement, disparaître.

Oui, la meilleure solution, la seule solution était de disparaître, s'en aller comme Mathias Pascal. (...)

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Soixante Nanosecondes, Chapitre 15

Dès le lendemain du séminaire du CERN, un torrent inimaginable déferla
sur le LP2HE. L'information avait été relayée en temps réel à la fois sur les
réseaux sociaux mais aussi dans les grandes agences de presse. Des médias du
monde entier tentaient de joindre les protagonistes de la mesure de vitesse, au
premier rang desquels se trouvaient Daniel, Bernard et Frédéric. Le téléphone
sonnait sans arrêt, des journalistes de tous types voulaient obtenir un
entretien pour comprendre, ils parlaient presque tous en mentionnant Einstein
dans leur premiers mots, "Einstein mis en défaut", "Einstein
avait tort", Einstein ceci, Einstein cela", c'était épouvantable. Le
standard du labo était constamment occupé. La totalité des postes téléphoniques
des différents membres de l'équipe sonnaient de manière continue, à tel point
qu'il fut décidé de les laisser tous décroché et de n'utiliser que des
portables pour communiquer avec le Gan Sasso ou d'autres collègues en attendant
que de nouveaux numéros puissent être attribués

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Soixante Nanosecondes, Chapitre 16

Luigi Scuola avait un secret, un de ceux que l'on ne peut dire à personne. Il savait que le grand physicien Ettore Majorana n'était pas mort lors de sa disparition mystérieuse fin mars 1938. Il gardait ce secret avec lui depuis sa plus tendre enfance, et pour tout dire, cette preuve qu'il possédait recelait un tout autre secret encore plus prodigieux, il le croyait tel en tout cas.

Luigi était né à Naples le 23 mars 1938. C'était sa mère qui lui avait raconté toute cette histoire et qui lui en donna la preuve quelques années plus tard.

Alors que l'histoire
italienne retenait qu’Ettore Majorana avait disparu en mer quelque part entre
Palerme et Naples dans la nuit du 26 au 27 mars 1938, s'étant probablement
suicidé par noyade en sautant d'un navire dans la baie de Naples, Luigi pouvait
affirmer au contraire qu’Ettore Majorana, l'illustre Ettore Majorana, était
bien vivant le matin du lundi 28 mars 1938. C'est précisément le 28 mars 1938
que sa mère, Giulia Scuola, qui était issue d'une grande famille napolitaine,
sortit de l’hôpital Santo Bono après avoir passé une visite médicale
obligatoire après tout accouchement. Elle avait donné naissance à son premier
enfant cinq jours auparavant à son domicile. Le petit Luigi était né à un terme
presque avancé et le travail avait été assez long et difficile. Mais le bébé
était superbe.